Réussir un jardin tropical impose des règles de plantation et d’entretien précises. Voici les erreurs à éviter, nos conseils, nos astuces, nos secrets.

Certaines plantes subtropicales peuvent s’acclimater au jardin et apporter un peu de rêve et d’exotisme. Mais pour ne pas subir d’échec cuisant, il faut repenser pour elles notre façon de jardiner. Voici dix secrets d’un jardinier passionné qui vous livre ses astuces et bons conseils pour réussir la culture des belles de terres lointaines.

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Un gros pied s’acclimate plus facilement

Les plantes «exotiques» sont souvent plus chères à l’achat que les végétaux facilement cultivés sous nos climats. Aussi, il est tentant d’acheter de jeunes pieds beaucoup moins coûteux que des plus grands. C’est malheureusement une erreur car, dans ce cas précis*, une jeune plante est beaucoup plus fragile qu’une plante déjà bien formée. Exemple: une jeune cordyline qui gèlerait verrait tout son pied mourir, tandis qu’une cordyline plus grosse, avec un stipe (tronc) déjà formé à la base, verrait tout son feuillage gelé, mais repartirait abondamment du pied par de multiples rejets. En réalité, la plupart des plantes exotiques ne s’acclimatent pas, à proprement parlé, mais “tolère” les conditions dans lesquelles on les implante ; il leur faut donc pour cela avoir suffisamment de capacité à résister à ce qui ne leur convient pas dans nos milieux, surtout climatiquement.

Micro climat pour belle exotique

Planter un seul individu isolé est une erreur souvent fatale. Regrouper plusieurs plantes permet de créer un micro-climat. Plusieurs callistemons plantés en bouquet un peu serrés permet aux plantes de mieux se protéger entre elles. Plus efficace encore est la solution de planter, par exemple, le Callistemon mélangé avec d’autres plantes plus résistantes au froid comme Pittosporum tobira, Viburnum tinus (laurier tin)… quitte à effectuer des tailles pour ne pas que ces dernières étouffent à terme le dit Callistemon.

Recréer un fouillis tropical

Dans le même esprit, les plantes «fragiles», de par leur aspect insolite (agave), de par leur exubérance (laurier rose) ou du fait de leur rareté (dalhia arborescent) ont tendance à être bien mises en évidence. Grave erreur dans de nombreuses régions, car toutes ces plantes ont besoin d’un écrin qui les protège. Leur caractère exotique autorise précisément l’exubérance du fouillis végétal dans lequel chacune trouvera une certaine protection grâce aux autres. Pour les protéger, vous pourrez aussi les blottir contre un mur, sous une avancée de toit, entre des rochers ou contre une haie.

La tête au soleil et le pied bien protégé

Laisser un sol en terre ou couvert d’herbe, au pied d’une plante fragile est particulièrement dangereux pour le système racinaire. Deux très bonnes solutions existent: la plantation de plantes basses, tapissantes, persistantes, qui profiteront de l’ombre des plantes «fragiles» tout en protégeant efficacement le sol du froid (lierres à grandes feuilles, millepertuis, gaultheries, santolines, romarins rampants…). Où alors, un épais tapis de mulch d’écorces de pins en éclats grossiers.

Sol de pierres pour plantes grasses et cactées

Pour les cactées et certaines plantes très méditerranéennes comme l’olivier, l’herbe au pied des plantes est malvenue car propice au maintien de l’humidité. Une bonne couche de graviers grossiers ou une couverture de jolies pierres au sol permet de protéger les racines de l’action directe du gel et surtout de créer un bon réservoir de chaleur qui se diffusera lentement le soir et sur une partie de la nuit, limitant la durée et l’intensité du gel. Esthétiquement, le résultat offre un meilleur rendu.

Les plantes tropicales n’aiment pas notre eau!

Les sols très drainants, filtrants, qui ne gardent pas l’eau sont de loin préférables aux sols collants et argileux ou au substrats trop riches en matière organique. Le pire ennemi des plantes exotiques, sous nos climats, est l’eau naturelle, celle du sol comme celle de l’air, qui fait éclater les tissus lors des gels ou provoque le pourrissement par temps froids. Il est préférable de devoir arroser plus l’été que d’avoir un sol trop humide l’hiver.

Feuilles jaunissantes réserves de nutriments

La suppression des feuilles jaunissantes et brunissantes est déconseillée chez certaines espèces. Cordylines, palmiers, Agaves, Aloes, Musarella, Bananiers sont de celles là. Les feuilles contiennent des substances nutritives que la plante ne gaspille pas, bien au contraire. Lorsqu’une feuille termine sa vie, la plante utilise les substances qu’elle contient pour se développer.

Le manchon protecteur des feuilles sèches

Chez ces mêmes espèces, la coupe des feuilles sèches est à proscrire. En effet, elles constituent un excellent manchon naturel de protection des tiges, troncs et stipes bien utile contre le froid, notamment les premières années. Il ne faut pas conduire vos plantes «fragiles» comme dans les jardins du Midi ou des pays tropicaux où les tailles sévères infligées à certaines plantes pour des raisons esthétiques sont supportées par celles-ci parce qu’elles sont parfaitement à leur place climatiquement parlant. Sous nos climats, il vaut mieux perdre un peu cette esthétique et avoir des plantes en bon état.

Plantes exotiques, plantation d’été

Les plantes de climat chaud gagnent à être plantées en fin de printemps, début d’été (voir notre article à ce sujet). En effet, leur installation dans un sol bien réchauffé est essentiel pour favoriser un bon développement racinaire avant le prochain hiver. Arrosage avec apport d’engrais et bassinage des feuillages le soir lors des journées les plus chaudes seront de parfaits stimulants à la croissance.

Restera ensuite, après toutes ces consignes, à envisager sérieusement de bonnes protections hivernales.